Le projet Moving Lusitalia étudiera le quartier « Italie » à travers le double prisme du local et du transnational dans une approche de « micro-histoire globale ».
La « micro-histoire » pratiquée au départ par les historiens modernistes (Ginzburg, Carlo et Levi, Giovanni) essaie de reconstituer des éléments de l’histoire notamment personnelle des individus ou des groupes qu’un récit historique écrit à partir des seules sources officielles ne capte pas, par le recoupement d’un très grand nombre de sources autour d’un objet d’études restreint. Il s’agit donc d’un procédé qui tente de donner la parole à celles et ceux qui normalement ne sont pas entendus. Cette histoire de l’infiniment petit requiert la collecte d’une documentation variée (écrits officiels, témoignages, photos, lettres, interviews…). Le « Quartier », un espace restreint, se prête à une telle démarche.
La « micro-histoire globale » s’emploie aussi à révéler le général à partir du particulier (Medick, Hans). II est de ce fait évident que les caractéristiques établies pour le quartier « Italie » peuvent servir de base comparative à l’étude d’autres lieux aux caractéristiques similaires, comme à titre indicatif le « Brill » et la « Schmelz » à Dudelange, le « Brill » à Esch/Alzette, le « Funiculaire » à Differdange, ou Hollerich-Gare à Luxembourg-Ville.
Essayer de lier la micro-histoire aux évolutions globales constitue aujourd’hui un champ d’expérimentation historiographique novateur. Le projet dudelangeois se trouve dès lors à la pointe de la recherche en matière d’histoire des migrations, en ancrant son objet d’études dans le territoire tout en le délocalisant. Le sujet envisagé se prête idéalement à une telle approche, les résidents du « Quartier » gardant des liens avec leurs pays ou régions d’origine, contacts déjà partiellement activés aujourd’hui par les pouvoirs publics dans des démarches mémorielles notamment à travers les jumelages (Padovani). Par ailleurs, par ses aspects diasporiques, le quartier « Italie » a tissé des liens avec d’autres « Petites Italies » (Blanc-Chaléard et allii, Rainhorn) ou « Petits Portugals » (Pellerin, Robichaud) étudiés par des institutions partenaires du CDMH de par le monde. La visibilité de ce projet sera de ce fait internationale.
Porteur de projet : Centre de Documentation sur les migrations humaines, Dudelange